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LES SAXONS.

en être encore aux compliments de bienvenue.

Lord George était un homme de quarante ans, grand, fort, et marqué au plus haut degré de ce cachet britannique qui fait reconnaître les Anglais dans les cinq parties du monde.

Il était mis à la dernière mode de Londres, sous son mackintosh de voyage. Sa cravate blanche, nouée avec une précision merveilleuse, supportait carrément une face large et pleine, dont la peau transparente laissait voir des chairs d’un rouge uniforme.

Les joues, le menton, le nez, le front, les oreilles, tout était rouge, non pas précisément de ce rouge foncé que donne l’ivresse ou l’apoplexie menaçante, mais d’un beau rouge anglais, carminé, luisant, égal et tirant sur la cerise à demi mûre.

Les traits de lord George étaient assez beaux, mais trop petits pour l’ampleur charnue de son visage. Le caractère leur manquait, et ils étaient comme écrasés par deux grosses touffes de favoris blonds qui descendaient seulement un au-dessous de l’oreille, pour s’étaler à droite et à gauche en éventail.

Les cheveux étaient courts et bouclés. Les sourcils blonds à reflets blanchâtres ne jetaient point d’ombre sur des yeux clairs et trans-