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DEUXIÈME PARTIE

Le château de Montrath avait été bâti par l’aïeul du lord actuel, Miles Fulton, baron de Montrath. C’était un édifice tout anglais et dans le style de ces charmants manoirs modernes qui abondent dans presque tous les comtés de la riche Angleterre. Seulement il y avait ici quelque chose de plus gracieux, de moins convenu, un peu d’invention et de fantaisie, une physionomie propre et des lignes qui n’étaient point la reproduction trop exacte de ce plan unique auquel se sont tenus les architectes anglais depuis cent cinquante ans.

La position magnifique avait aidé l’art. Les fenêtres de Montrath voyaient d’un côté, à revers, le vaste et beau paysage aperçu de la ferme des Mamturcks ; de l’autre côté, la baie de Kilkerran et les innombrables îles.

Le parc s’étendait, à l’est et au midi, jusqu’au territoire de Connemara et à la mer ; à l’ouest, les murs de l’enclos montaient la pointe du cap et allaient rejoindre les ruines de Diarmid.

À l’heure où les gens de Molly-Maguire se hâtaient vers le rendez-vous de la galerie du Géant, le maître de ce beau domaine, lord George Montrath, avait réuni dans la bibliothèque une demi-douzaine de personnages, qui, la tête courbée et le sourire aux lèvres, semblaient