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DEUXIÈME PARTIE

par qui elle souffrait tout ce qu’un être humain peut souffrir, et dont le nom trouvait place bien souvent dans sa prière.

Elle ne haïssait point. À son âme sainte et douce l’excès du malheur n’avait point pu apprendre la vengeance…

Devant elle, sur la table, il y avait de longues bandes de linge blanc ; sur ce linge elle écrivait lentement et avec peine, à l’aide d’un petit pinceau formé de ses cheveux.

Le jour tombait.

Elle laissa une ligne inachevée et déposa son pinceau.

Ses bras amaigris se croisèrent sur sa poitrine.

Un instant elle se reposa dans la rêverie ; sa tête penchée ramenait en avant les boucles mobiles de ses longs cheveux. Ses yeux s’ouvraient à demi et se fixaient sur la ligne commencée où était le nom de Morris…

Elle demeura ainsi longtemps immobile.

Puis deux larmes roulèrent le long de sa joue pâle.

C’était à son insu. Elle était si bien habituée aux larmes !

Puis encore, quelque souvenir venant à travers son rêve, sa bouche se détendit en un suave sourire.