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LES SAXONS.

la souffrance, son pâle visage avait encore un charme angélique.

Il y avait bien longtemps que le sourire n’était descendu sur cette bouche blêmie, bien longtemps que ces yeux attristés avaient perdu les vives étincelles que la joie met sous les longs cils des jeunes filles. Mais que ces prunelles avaient dû briller doucement naguère ! et qu’ils devaient être beaux les sourires heureux de cet ange !

C’était un de ces êtres choisis qui appellent le dévouement et la tendresse ; on les aime sœurs, filles, fiancées ; il semblerait que la haine ne pût barrer jamais leur sentier, et que tout dût se taire sur leur passage, hormis la voix de l’amour.

Un être faible, malheureux, charmant, une douce créature devant qui la colère semblait impossible, et dont un seul regard devait désarmer la cruauté même.

Pauvre Jessy !…

Une cruauté implacable et lâche pesait cependant sur elle.

Il s’était trouvé un bourreau pour la jeter vivante en cette froide tombe !

Un homme qui l’avait prise un jour par violence au milieu de ses joies sereines ; un homme