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DEUXIÈME PARTIE

Devant la table, il y avait une jeune femme, assise sur un billot.

C’était presque une enfant, une de ces figures naïves et douces qui semblent caresser et sont faites pour sourire. Elle était bien pâle, et la souffrance avait creusé cruellement ses grands yeux bleus aux suaves regards.

Mais sur cette joue amaigrie, sous ces paupières caves, et autour de cette bouche d’où le sang s’était retiré, il n’y avait nul signe d’amertume…

C’était une pauvre enfant qui s’éteignait, brisée, et ne murmurait point.

C’était une pauvre fleur qui se mourait, et qui, penchée sur sa tige, gardait de beaux parfums et de douces couleurs.

Elle était grande ; sa taille amaigrie n’avait point perdu toute sa grâce moelleuse ; quelque chose de chaste et de saint était dans son attitude.

Sur son front, autour duquel tombait en boucles épaisses une abondante chevelure brune, il y avait une sorte de douleur sereine, une tristesse calme et tout imprégnée de belles résignations.

Elle avait dû être séduisante autant que peut l’être une jeune fille, et, malgré les ravages de