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DEUXIÈME PARTIE

je suis forcée d’en jeter la plus grande partie au dehors.

« Le matin, à midi et le soir, une petite trappe située au centre de la voûte s’ouvre avec bruit ; ma nourriture descend dans un coffre qui remonte aussitôt après, et la trappe se referme.

« À part cela, je ne vois rien, je n’entends rien, si ce n’est ce murmure sourd, cette voix des riches et des heureux pour qui la vie est belle et qui voient le soleil, ce cri moqueur qui sort des poitrines libres et vient railler la pauvre prisonnière.

« Au commencement, chaque fois que la trappe s’ouvrait, je criais de toutes mes forces, demandant merci et pitié.

« Ma voix se répercutait entre les voûtes sonores et produisait des sons étranges ; j’en demeurais moi-même effrayée.

« Maintenant, je m’habitue à me taire ; mais parfois encore, à ce moment où je suis sûre qu’un être humain m’entend, ma bouche s’ouvre malgré moi, et un cri s’échappe de ma poitrine.

« La voûte résonne, ma voix se prolonge grossie par l’écho, mais nul n’y répond.

« Nul n’y répondra jamais !

« Je suis faible ; depuis quelques jours, j’ai