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LES SAXONS.

mise est large comme la mer. Oh ! Morris, je ne sais…

« Il me sembla pourtant qu’au départ les vagues, moins élevées, donnaient au navire des balancements plus doux, au départ et à l’arrivée.

« Je crois qu’après avoir descendu la Tamise et vogué sur la haute mer, nous remontâmes le fleuve ; je crois que je suis à Londres.

« Le navire aborda. Mon pied toucha le sol ferme. On me fit monter une route ardue et difficile. J’entendis crier des portes pesantes sur leurs gonds sourds.

« Puis mon masque tomba.

« J’étais dans une vaste salle voûtée dont les murs crevassés suintaient une humidité froide. Le jour, un jour sombre et gris, y pénétrait par une sorte de meurtrière percée de biais dans le mur épais. Cette fente, trop étroite pour qu’on y puisse introduire la tête, s’ouvre sans doute sur l’air libre au dehors, mais l’une de ses parois avance et masque la vue. On n’aperçoit point le ciel.

« Le jour arrive brisé. Ce qui m’éclaire n’est que le reflet de la lumière du dehors frappant obliquement la pierre noircie.

« Quand mon masque tomba, je vis auprès de moi la servante saxonne.