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DEUXIÈME PARTIE

devanciers, comme tous les gens en dehors de la grande route sociale, avaient une sorte d’argot qui remplaçait en bien des cas la langue usuelle.

Dieu sait que ce langage interlope a eu en Irlande le temps de se former ! Bien des générations de conjurés l’ont parlé depuis les Enfants-du-Chêne jusqu’aux hommes à rubans (ribbonmen) ; depuis 1760 jusqu’à nos jours.

Les premiers Enfants-Blancs l’inventèrent sans doute. Il se perfectionna chez les Cœurs-d’Acier, chez les Fils-du-Droit, chez les garçons du capitaine Rock et les belles filles de lady Clare, au commencement de notre siècle. Les Batteurs (trashers) le parlèrent, ainsi que la famille de la mère Terry et les hardis Pieds-Noirs de 1837.

Ce fut la langue des Carders, des Shanavates, des Caravats, des Black-Hens, des Kirkavallas : c’est la langue des Molly-Maguires de 1845.

Ellen Mac-Diarmid avait au cœur le ferme courage d’un homme. Au sein de cette foule où elle s’était introduite par surprise et en bravant un danger de mort, elle était calme et sans peur.

Elle savait, qui ne le sait en Irlande ? que Molly-Maguire n’a point deux sortes de châti-