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PREMIÈRE PARTIE.

La loge la plus voisine de la fenêtre était occupée par quatre personnages, deux hommes et deux femmes, qui s’entretenaient paisiblement.

Mistress Fenella Daws, l’ainée des deux femmes, pouvait bien avoir quarante ans. Elle était très-maigre, très-blafarde, et coiffée à l’enfant. Ses cheveux, d’un blond ardent, décimés par l’âge, étageaient leurs petites bouclettes pommadées autour d’un front étroit où il n’y avait pas trop de rides. Ses yeux blancs avaient d’étonnantes façons de se mouvoir de bas en haut et de rouler avec détresse, chaque fois qu’elle ouvrait sa mince bouche contenant de grandes dents, de ces dents larges, blanches, cruelles, menaçantes, qui déchirent des tranches de bœuf inconcevables.

Manifestement, sa ferme volonté était d’avoir un charmant sourire. Quand elle souriait, son nez long et mince se busquait doucement. Ses yeux, garnis de franges roussâtres, se fermaient à demi ; ses larges dents se montraient éblouissantes et terribles.

Elle était grande, toute en jambes, et habillée suivant la dernière mode d’Almack : une robe de mousseline claire, dont le frêle tissu était menacé de ruine par les angles aigus de ses