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PREMIÈRE PARTIE.

Durant ces quelques mois, les choses ont marché. En ces pays de grandes luttes, où il semble que la volonté d’un seul homme soit entre le courroux contenu des partis et la plus implacable de toutes les guerres civiles, chaque jour amène son progrès contesté, sa bataille perdue ou gagnée ; une bataille gagnée presque toujours, car l’étoile de l’Irlande grandit et monte à l’horizon politique. Ces huit millions d’esclaves, qui ont eu tant de peine à devenir un peuple, se dressent pauvres, mais forts, vis-à-vis des suppôts à demi vaincus de la tyrannie protestante.

Ils ont encore, dit-on, les vices et les faiblesses que mène avec soi la servitude, mais ils prêtent l’oreille aux leçons vaillantes d’une voix libre ; leur cœur apprend à battre. Ils vont s’éveiller hommes…

Et tandis que les uns courbent encore la tête sous la puissance fatale de la misère, tandis que d’autres, voués à de mystérieuses vengeances, poursuivent durant les nuits noires leurs batailles inutiles et cruelles, quelque chose s’agite au dedans et au dehors de la nation. L’Angleterre, émue, écoute la voix longtemps muette de sa conscience. O’Connell, captif, trouve un arc de triomphe au delà des portes ouvertes de