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LES MOLLY-MAGUIRES.

le lac Corrib des grands bogs[1] du Galway.

Tout en traversant ces champs fertiles qu’une culture éclairée eût aisément couverts d’opulentes moissons, Morris ne suivait point une ligne directe ; il courait à droite, il courait à gauche, comme s’il eût cherché quelque chose dans la nuit.

Ce quelque chose, il ne fut pas longtemps à le trouver. Au détour d’un chemin, sur la lisière d’une de ces belles prairies naturelles si communes en Irlande, un troupeau de poneys était couché dans l’herbe.

Morris saisit par la crinière un de ces chevaux nains dont la race est bien connue chez nous, et sauta sur son dos.

Morris était de grande taille, les reins du poney fléchirent un instant sous ce lourd fardeau ; mais le petit cheval secoua sa crinière, roidit ses muscles vigoureux, et montra qu’il était de force à porter son cavalier, dont les jambes pendaient et touchaient presque le sol.

Morris lui chatouilla le cou doucement, en murmurant quelques paroles caressantes ; le poney bondit en avant, laissant là ses compagnons endormis, et partit au galop.

  1. immenses marais à tourbières.