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LES MOLLY-MAGUIRES.

pour faire un choix parmi ces barques et en chercher une qui fût à peu près en bon état.

Tandis qu’il fouillait dans les roseaux, éprouvant du pied les frêles embarcations, la voix des chiens du village s’éleva de nouveau, comme si un second pas, heurtant les cailloux de la route, troublait de nouveau leur sommeil.

Morris prêta l’oreille à ces hurlements sourds.

Il remonta la berge du lac, et attendit durant quelques secondes, essayant d’entendre ou de voir. Mais, bien que la lune n’eût en ce moment qu’un léger voile de vapeurs, il n’aperçut rien, sinon les chaumières du village qui sortaient de l’ombre et la grande masse de la montagne élevant son sommet jusqu’au ciel.

Il détacha un bateau et fit force de rames vers l’autre rive du lac Corrib.

Le temps était lourd et aucun souffle de vent ne remuait le brouillard étendu sur la surface de l’eau.

À peine entré dans cette brume épaisse, Morris perdit de vue le rivage, et dut continuer sa route, sans autre guide que son instinct et sa connaissance parfaite des eaux du lac

La brume étendait autour de lui et au-dessus de lui une sorte de voûte arrondie et blanchâtre. Ce n’était pas l’obscurité, car le brouillard rayon-