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PROLOGUE.

Le vieillard n’entendit pas cette monstrueuse hérésie.

— Et puis, reprit-il ; une si belle ferme !

— Musha ! j’en sais quelque chose, puisque j’y gagne mon pauvre pain ! appuya Pat d’une voix lamentable ; la plus belle ferme du comté !… Un bijou comme il n’y en a pas au paradis !… Une ferme aussi belle, on peut l’affirmer, que le château de Diarmid lui-même !

— Silence, Patsy ! dit le vieillard avec tristesse. Ce n’est pas ici qu’il faut parler du château de Diarmid.

Il se fit un silence autour de la table. Morris avait froncé ses noirs sourcils. Les paupières d’Ellen s’étaient de nouveau baissées.

— Le jour viendra, dit Jermyn à demi-voix, où l’on pourra parler du château de Diarmid devant la noble heiress

L’œil de l’adolescent, brilla un instant au feu d’un enthousiasme soudain. Puis son front se rougit comme s’il avait eu honte de sa hardiesse.

— Et l’homme ? demanda Ellen tout bas en s’adressant au vieillard. 

— Quel homme ? dit celui-ci.

— L’homme qu’on doit assassiner.

— Celui-là est un cœur dur, répondit le vieux Mill’s lentement. Il a fait bien du mal à nos