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PROLOGUE.

Sam, Owen, Dan et Larry regardèrent Morris en dessous, comme s’ils eussent redouté une réponse trop vive.

Mais Morris conservait sa déférence calme, et ses yeux, fixés sur son vieux père, ne perdaient point leur expression d’affectueux respect.

— Que Dieu garde Daniel O’Connell ! répliqua-t-il ; c’est le plus grand des Irlandais.

Une bénédiction à l’adresse du Libérateur courut de bouche en bouche tout autour de la table et ne s’arrêta qu’au pauvre Pat, qui avait la bouche trop pleine pour y pouvoir mettre une bénédiction.

— À la bonne heure ! reprit Mill’s Mac-Diarmid, dont les yeux bleus rassérénés brillèrent ; à la bonne heure, enfants !… Soyez sûrs qu’il viendra dans quelques mois pour les élections de Galway, et qu’il fera rentrer sous terre ces suppôts de Satan, quel que soit le nom qu’il leur plaise de prendre !… En attendant, comme je vous le disais, ils n’ont point changé de manières depuis cinquante ans… J’ai vu aujourd’hui dans les rues de Galway des placards tout pareils à ceux des Whiteboys, à ceux des Claristes, à ceux des Rockistes et autres bandits du temps passé… C’est écrit avec du sang et c’est timbré d’un cercueil !