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PREMIÈRE PARTIE.

— La pensée d’O’Connell est toute en lui-même ; rien ne restera de sa politique inventée ; sa puissance, si énorme qu’elle soit, n’est que la puissance d’un homme ; et c’est un vieillard. Quel autre génie que le sien pourrait exploiter après lui son mensonge sublime ? Les principes seuls passent de père en fils comme un héritage. La force personnelle descend dans la tombe avec l’homme fort. Du grand homme décédé il ne restera qu’un souvenir. O’Connell n’aura travaillé que pour sa propre gloire. Lui mort, le Repeal tombera ; la place sera libre…

Il se disait encore :

— Moi je suis jeune ; il faut du temps, mais j’ai devant moi des années. Ma pensée d’ailleurs n’est-elle pas éternelle comme le droit des nations ?… Si je meurs à la tâche, qu’importe ? La vie de l’homme est une heure courte dans la longue vie d’un peuple, et je travaille pour l’Irlande !

C’était vrai. Il n’y avait pas chez lui un seul sentiment égoïste ou seulement personnel, tout était abnégation pure en cette droite conscience qui pouvait errer, mais non faillir.

Parmi les gens rassemblés dans la galerie du Géant, quelques-uns suivaient Morris Mac-Diarmid par conviction ; le reste se laissait entraî-