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PREMIÈRE PARTIE.

qu’il peut n’y avoir qu’une heure entre la promesse et le crime.

Ils avaient tous juré pourtant.

C’est que leur misère est si grande ! c’est qu’ils souffrent de la faim, du froid, de tous les maux qui peuvent accabler l’homme, si cruellement et si près des folles magnificences de leurs maîtres !

C’est qu’il y a tant de haine au fond de leur cœur !

Leur tête s’est courbée si longtemps sous la tyrannie lourde de la conquête ! Autour de leur misère bourdonne un essaim si âpre d’usuriers, de middlemen, d’agents qui s’engraissent de leur sang et vivent de leur mort !.…

Qu’un cri de vengeance tombe du haut des montagnes ou surgisse des vastes solitudes des bogs, il va trouver des milliers d’échos. Chaque chaumière va tressaillir à ce signal attendu ; toutes les têtes d’hommes vont se redresser, secouant leur grande chevelure, et la prière des femmes va monter vers le ciel, intercédant pour la vengeance de leurs époux et de leurs frères…

Les efforts combinés d’O’Connell et du gouvernement de la reine, la parole puissante du tribun et les carabines des dragons peuvent