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MAC-DIARMID.

On dit même que ce poignard, rongé de rouille et privé de sa pointe, se retrouverait dans quelque coin poudreux des loges où les maçons de France parodient avec une obstination innocente de terribles rites et des institutions qui furent redoutables.

En Irlande aussi on jure sur le poignard, et l’on jure encore sur la torche. Les ruines des vieilles abbayes, les salles basses des châteaux croulants, les humides cavernes où les oiseaux du large cherchent un abri durant la tempête, telles sont les vastes loges où se mènent les pratiques mystérieuses des Vengeurs. Ces loges ne sont pas disposées comme les nôtres pour jouer commodément la feinte bouffonne des épreuves ; il n’y a ni décors, ni doubles dessous, ni coulisses, ni trappes, ni transparents fantasmagoriques, ni systèmes de poulies ; mais il y a la grande nuit, l’horreur secrète que suent les vieilles ruines et la vérité de la vengeance.

C’est un serment terrible que celui qui engage à tenir la torche, quand l’incendie peut avoir lieu demain ; que celui qui oblige à prendre en main le couteau, quand la victime est désignée déjà peut-être…

C’est un serment terrible, surtout lorsque le meurtre et l’incendie sont de tous les jours, lors-