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MAC-DIARMID.

avec la féerique magnificence de la galerie du Géant.

L’odeur âcre du tabac se mêlait à la fumée des bog-pines et formait un nuage lourd au-dessus des têtes. On sentait à plein nez, dès l’entrée, le subtil parfum du wiskey, la rosée bienheureuse des montagnes, et les émanations acides du potteen.

De tous côtés, on entendait dans l’ombre le bruit des verres choquant les pots d’étain. Dieu sait que cette nocturne assemblée combattait vigoureusement l’humidité des froides voûtes et ne pouvait être accusée de délibérer à jeun.

Il s’élevait peu de cris parmi la foule. C’était un murmure sourd et continu qui se prolongeait au loin entre les pilastres, rebondissait contre les parois invisibles et retombait multiplié par les échos des voûtes.

Ce murmure était gai plutôt que menaçant. Les premiers venus avaient trompé, en buvant de leur mieux, l’ennui de l’attente, et se trouvaient en cet état joyeux des premiers instants de l’ivresse. D’autres, en grand nombre, arrivaient de Galway. Ils étaient ivres depuis le matin, ayant passé la journée entière à boire au succès de William Derry, leur bijou !

— Allons ! taisez-vous, mes jolis garçons ! dit