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PREMIÈRE PARTIE.

une immensité sombre et resplendissante à la fois, des magnificences pareilles à celles qui entourent, au dire des poëtes, le trône d’ébène de l’archange déchu ; une nuit pleine de miracles, une de ces fantasmagories surhumaines qui grandissent sous le hardi pinceau de Martynn.

Cela n’avait point de forme ; l’œil plongeait partout dans le vide, et partout rencontrait l’infini.

Point de limites ! nulle paroi pour arrêter le regard, nulle voûte pour borner la vue.

Des colonnes, qui brillaient comme si leurs fûts eussent été parsemés de paillettes, s’alignaient dans la nuit. Il y en avait deux, trois, quatre rangs qui fuyaient à perte de vue, et semblaient se rejoindre au loin comme les arbres d’une longue avenue.

À droite, à gauche, devant, derrière, des grappes de cristaux scintillaient dans le vide.

D’innombrables girandoles pendaient à la voûte invisible et allumaient tour à tour leurs facettes étincelantes à la lueur rouge d’un feu de bog-pine qui brûlait sur une grille, à vingt pas de l’entrée.

Il n’y avait point d’autre lumière que celle de ce brasier dont la fumée montait épaisse et blanchâtre pour perdre ses spirales confuses dans les ténèbres de la voûte.