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PREMIÈRE PARTIE.

de renseignements sur le monstre, puisqu’il ne l’avait jamais vu. Tout ce qu’il savait, c’est que la bête féroce avait une voix mugissante, et que ses hurlements avaient fait dresser bien souvent ses cheveux roux sur son crâne chétif.

Évidemment on ne nourrissait pas pour rien ce terrible animal. L’avis de Pat, et Dieu sait que toutes les bonnes gens du comté le partageaient sincèrement, était que lord Montrath gardait ce monstre pour le lâcher quelque jour sur les catholiques.

Ma bouchal !… Lord George Montrath en était bien capable !…

Si le pauvre Pat avait peur de ses frères, le monstre, d’un autre côté, lui inspirait une invincible terreur.

Les garçons du Galway avaient grand tort de croire que son office fût une sinécure.

Il ne faisait rien, c’est vrai, mais il tremblait nuit et jour. La terreur était sa vie.

À de certaines heures, il se rendait à la tour bâtie sur l’extrême pointe du cap, et déposait dans un coffre un pain d’avoine avec une cruche d’eau ; ce coffre était suspendu à une corde que Pat mettait en mouvement à l’aide d’une poulie.

Pat ne s’était jamais acquitté de ce soin sans