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MAC-DIARMID.

crainte. Il faut si peu de chose pour tenter la misère !.…

Pat avait désormais contre lui des défiances ; on doutait de sa foi, parce que, sans travail, il avait de l’aisance.

On l’interrogeait, on le retournait dans tous les sens ; on voulait savoir ce qu’était ce monstre hébergé avec tant de mystère.

À tout cela Pat ne pouvait guère répondre, sinon qu’il était le dévouement en personne, la fidélité incarnée, et qu’il se sentait prêt à incendier la douane de Galway avec le château et le tribunal, pour prouver son inaltérable zèle. Pat, il faut bien le dire, avait grand’peur. Il sentait le côté faux de sa position. Son bien-être le satisfaisait sans l’éblouir. Il s’avouait que les soupçons de Molly-Maguire ne valaient guère mieux pour lui qu’une maladie mortelle, et que, le cas échéant, son ample provision de pommes de terre, son wiskey cher et son chaud carrick seraient impuissants à le protéger.

Dans ses rêves, Pat se voyait souvent lancé comme un projectile du haut de Ranach-Head sur le galet noir. Il s’éveillait en sursaut ; ses sueurs inondaient les draps grossiers de sa couche.

Mais en définitive il ne pouvait point donner