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MAC-DIARMID.

En arrivant dans le voisinage des montagnes, Ellen cessa de marcher dans une complète solitude. Çà et là, des pas sonnaient autour d’elle sur les lisières des champs.

Où elle allait d’autres se rendaient sans doute.

De temps en temps, lorsque la lune, complétement dégagée de son blanc voile de vapeurs, dardait ses rayons plus vifs sur la campagne, Ellen voyait surgir de l’ombre une mante rouge comme la sienne, jetée sur les épaules viriles de quelque robuste garçon, un carrick brun, ou des haillons.

Mais on n’entendait nulle parole aux alentours ; les pas lourds retentissaient accompagnés du bruit régulier des shillelahs frappant le sol. C’était tout.

Ellen côtoya les montagnes durant l’espace de deux milles. À sa droite était la mer qui brisait sur le sable d’une petite baie ; à sa gauche se dressait la montagne, sur le versant de laquelle la lune éclairait les nobles murailles du château de lord George Montrath.

Une ou deux fenêtres étaient éclairées. Milord veillait peut-être. Ellen jeta un regard distrait sur l’opulente demeure et passa.

Les mantes rouges, les carricks et les haillons s’arrêtaient au contraire en face du manoir.