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PREMIÈRE PARTIE.

battait sous la toile grossière de son vêtement de nuit ; ses larmes l’empêchaient de voir.

Les deux chiens de montagne tournaient et retournaient autour d’elle, inquiets et silencieux.

La pauvre Kate se laissa tomber épuisée sur le siége que Jermyn avait approché pour Ellen.

— Personne ! pensa-t-elle tout haut. Ils sont tous partis… Et Owen m’a quittée durant mon sommeil pour les suivre, sans doute…

Elle se tut durant un instant, et demeura plongée dans une méditation pleine de frayeurs.

— Avec eux ! reprit-elle ; où sont-ils ? Et s’il n’était pas avec eux ? car il m’a semblé entendre souvent, la nuit, le bruit de la porte qui s’ouvrait et se refermait… Nos frères sortaient, Owen restait… Pourquoi cette nuit n’est-elle pas comme les autres ?… Et cette femme que j’ai vue… Je n’ai point reconnu Ellen… Qui était-ce ?…

Elle laissa tomber sa tête entre ses mains ; le vent qui soufflait par la porte ouverte secouait la toile qui la couvrait, et la faisait trembler de froid ; elle ne s’en apercevait point.

Ses larmes coulaient abondamment.

— Owen ! Owen ! dit-elle, où êtes-vous ? Hélas ! mon Dieu ! s’il ne m’aimait plus !… et si mon père…