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PREMIÈRE PARTIE.

Une rougeur fugitive colora le noble front d’Ellen, qui ne répondit point et continua sa route vers la porte de sortie.

Jermyn fit quelques pas en chancelant pour se mettre au-devant d’elle.

Ses poings étaient convulsivement serrés ; son corps tressaillait ; il y avait de l’égarement dans ses yeux.

— Ah ! vous m’avez arraché mon secret par surprise !… s’écria-t-il ; je vous ai donné la vie de mes frères, et le traître Saxon saura désormais où mener ses soldats… Ellen, vous ne sortirez pas !

L’heiress s’était arrêtée devant lui et le mesurait d’un regard tranquille.

— Faites-moi place, Mac-Diarmid ! dit-elle.

Jermyn ne bougea pas ; ses yeux rayonnaient un éclat sauvage ; sa jalousie, exaltée jusqu’à la fureur, l’aveuglait et le rendait fou.

Mais le doigt d’Ellen s’appuya sur son épaule ; et son épaule robuste céda comme si une baguette magique l’eût touchée.

— Place à la fille des lords ! dit Ellen d’une voix impérieuse.

Jermyn voulut résister ; il ne put. Il recula comme un enfant devant le geste souverain de l’heiress, qui ouvrit la porte et disparut.