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PREMIÈRE PARTIE.

donne l’audace d’épier ma conduite et de me poursuivre en tous lieux de vos regards avides ?… Pourquoi cherchez-vous à deviner mes secrets ?… Mac-Diarmid veut-il me faire payer par l’insulte l’hospitalité qu’il m’a donnée ?

— Oh ! Ellen, interrompit Jermyn, qui avait les yeux pleins de larmes, moi vous insulter !… Dieu m’est témoin que si j’ai suivi parfois votre course sur la montagne, c’était pour veiller autour de vous et pour écarter tout danger de votre route… Ellen, croyez-moi, je vous en supplie, j’aimerais mieux mourir mille fois que de vous offenser !

Il se fit un silence ; la fierté du visage d’Ellen s’adoucissait par degrés jusqu’à se changer en pitié. Ses yeux, qui devenaient rêveurs, glissaient avec distraction sur le front humilié de Jermyn.

Celui-ci n’osait point relever ses paupières ; il se tenait debout devant la fille des lords dans l’attitude d’un coupable.

— Pauvre enfant ! reprit Ellen après quelques secondes, et comme en se parlant à elle-même, je n’étais pas venue pour vous faire des reproches… Votre audace porte avec elle son châtiment, et je souffre à voir malheureux un de mes frères…

— Merci, murmura bien bas Jermyn. Je vous aime comme Diarmid peut aimer l’héritière des