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MAC-DIARMID.

L’heiress s’arrêta non loin de lui ; elle avait entendu son nom. Une expression de sauvage orgueil descendit sur son front.

— Il m’aime bien !… pensa-t-elle.

On eût dit que ce nom, tombé des lèvres de l’enfant, enlevait à Ellen sa dernière hésitation. Ses sourcils froncés se détendirent, son regard eut ce rayonnement vif que la certitude du triomphe allume avant la lutte commencée.

Elle franchit la distance qui la séparait de Jermyn, et son doigt tendu s’abaissa jusqu’à toucher presque son épaule.

Wolf et Bell, les deux chiens de montagne, l’avaient suivie en rampant. Ils demandaient la caresse accoutumée. Ellen ne les voyait point.

Ils se couchèrent aux pieds de Jermyn, fixant leurs grands yeux de feu sur le beau visage d’Ellen.

Le doigt de l’heiress cependant s’était arrêté avant de toucher l’épaule du plus jeune des Mac-Diarmid. Un nuage avait passé sur son fier sourire, et il y avait maintenant dans ses yeux la tendre pitié d’une sœur pour un frère qui souffre.

— Pauvre enfant ! dit-elle ; oh ! ce doit être un dur martyre que d’aimer ainsi sans espoir !… Si Mortimer ne m’aimait pas, moi !…