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PREMIÈRE PARTIE.

Ellen attendit quelques minutes, et lorsque l’écho des pas se perdit au bas de la montagne, elle ralluma sa lumière.

La petite Peggy dormait depuis longtemps sur son matelas de paille derrière le pied du lit. Ellen s’assura que son sommeil était profond.

Puis elle rajusta sa robe blanche sur laquelle se nouait, durant le jour, l’agrafe de sa mante écarlate.

Puis encore elle fit le signe de la croix, et se dirigea, son flambeau à la main, vers la porte de la salle commune.

La porte, en s’ouvrant, ne troubla point le sommeil de Jermyn étendu sur la couche commune.

Les deux grands chiens de montagne jappèrent et vinrent en rampant flairer le bas de la robe d’Ellen.

La tête de Jermyn était renversée sur son bras. Il rêvait de bonheur sans doute, car son jeune visage souriait, parmi les boucles éparses de ses longs cheveux blonds. La tristesse de chaque jour s’était évanouie au souffle heureux de quelque douce chimère. Ses traits avaient repris la riante beauté de l’adolescence, et sa bouche entr’ouverte, murmurant un nom adoré, trahissait le secret de son extase.