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PREMIÈRE PARTIE.

Cette lumière était un signal, il n’y avait point à en douter. Or rien ne brillait cette nuit du côté de la mer ; les ténèbres descendaient à chaque instant plus épaisses, et c’est à peine si la silhouette noire des monts de Kilkerran se détachait vaguement sur le ciel assombri.

C’était un jour de répit, un jour encore pour espérer et pour aimer.

Le temps passait ; Ellen était toujours assise sur le pied de sa couche et perdue dans sa méditation inquiète.

Elle ne savait point le compte des heures ; sa tête alourdie se penchait, et le sommeil sollicitait pour la première fois, depuis bien longtemps, sa paupière fatiguée.

Avant de se coucher, elle voulut s’agenouiller un instant devant la Vierge de pierre pour lui adresser une suprême oraison.

La fenêtre ouverte donnait passage au vent frais de la montagne. Ellen avait pris froid à rester si longtemps immobile et à demi vêtue.

En se relevant elle frissonna ; le vent glacé de la fenêtre tombait sur son épaule nue.

Machinalement, elle prit les deux battants de la croisée et les poussa ; ses yeux chargés de sommeil et de larmes se relevèrent en ce moment ; elle parcourut l’horizon du regard