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PREMIÈRE PARTIE.

partout, et à force de combattre, ils apprenaient à tout oser.

Cette dernière menace de mort, jetée si hardiment jusqu’au milieu du club orangiste, annonçait un paroxysme de rage et une attaque prochaine.

Ellen, la pauvre fille, n’avait personne à qui demander appui ou seulement conseil. Son amour l’isolait au milieu de la famille dévouée, bien plus encore que n’avait fait jusque-là le respect dont on l’environnait.

Elle était seule ; elle avait d’autres intérêts et d’autres affections que Mac-Diarmid ; des affections contraires, des intérêts ennemis.

Si forte que fût sa nature, elle se sentait plier sous le faix ; elle n’avait plus ni vigueur ni courage ; sa prière allait ce soir-là vers Dieu, morne et désespérée.

Elle souffrait trop et depuis trop longtemps !.…

Elle avait eu pourtant un mouvement de joie vive au milieu de cette accablante détresse, c’était lorsque son regard, s’élançant avidement vers Ranach-Head et la mer, n’avait vu partout que ténèbres.

Cette nuit complète était pour elle comme un gage de trêve.

Ellen, en effet, depuis une année, passait ses