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PREMIÈRE PARTIE.

Morris leur montra du doigt une gracieuse demeure qui regardait la Tamise, du haut d’un coteau verdoyant.

Et il leur dit :

— C’est là !

On s’arrêta. Le vieux Mill’s, appuyé sur son bâton, regarda longtemps ce noble manoir qui était la prison de sa fille adoptive. Le vent de la rivière soulevait les longues mèches de ses cheveux blancs. Ses yeux étaient humides.

Le regard de Morris restait sec. Il avait perdu cet air de santé robuste qui faisait de lui naguère un des plus joyeux garçons de Knockderry ; sa joue était creuse et pâle ; la fièvre brûlait dans ses yeux.

On se remit en marche.

Le voyage avait épuisé à peu près les ressources de la famille. L’Heiress eut néanmoins un lit dans l’un des hôtels de Richmond. Mill’s et ses fils s’étendirent sur la paille d’une écurie.

Le lendemain, avant le jour, les huit jeunes gens étaient debout.

— Ramenez-moi ma pauvre enfant, dit le vieillard d’une voix tremblante.

— Père, répliqua Morris, l’honneur de Mac-Diarmid sera sauvé.

Les huit jeunes gens, armés de leurs bâtons,