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MAC-DIARMID.

pouillée de tout orgueil qui la faisait supérieure aux autres créatures humaines.

Le respect en quelque sorte religieux des Mac-Diarmid, sa naissance si souvent exaltée autour d’elle, les souvenirs à chaque instant évoqués de la splendeur de ses aïeux, tout contribuait à lui faire un piédestal qui mettait au niveau de ses pieds les têtes de la foule.

Elle en était plus malheureuse que fière, mais elle croyait sincèrement à ces grandeurs illusoires dont on la berçait depuis l’enfance.

Elle avait vu le capitaine Percy Mortimer seul et entouré de l’aversion de tous. Son âme généreuse s’était émue, elle ne savait pourquoi. Habituée à suivre sa première impulsion et à ne rendre compte de ses actes à personne, elle était allée, comme toujours, où son cœur l’appelait.

C’était une sorte d’aumône qu’elle avait cru faire, peut-être, au proscrit ; et quand elle lui eut donné quelques instants de sa présence secourable, elle ne sentit point de trouble au fond de sa conscience.

Le lendemain seulement, au réveil, le souvenir de cette soirée lui revint ; elle revit cette belle et froide figure du soldat saxon qui s’était un instant animée à son sourire ; elle crut en-