Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
PREMIÈRE PARTIE.

comme les autres. Un soir, Ellen alla s’asseoir auprès de lui.

Mill’s et ses fils, étonnés, la virent adresser la parole au proscrit et lui sourire. C’était devant tous les passagers assemblés.

Ellen n’avait point de rougeur au front, et ses traits gardaient leur candeur fière.

Les Mac-Diarmid éprouvèrent une sorte d’horreur superstitieuse à voir la fille des rois descendre jusqu’à ce soldat saxon. Ils étaient partagés entre leur respect pour Ellen et le désir de rompre violemment cet entretien, qui était à leurs yeux un scandale.

Mais le respect l’emporta. Ils se groupèrent à l’autre extrémité du pont et se bornèrent à épier de l’œil cette bizarre entrevue.

À mesure qu’elle se prolongeait, la surprise du vieillard et de ses fils se chargeait de malaise davantage. Ce n’était pas du malaise seulement qu’éprouvait Jermyn ; son regard brûlant jaillissait sous ses sourcils contractés, et tombait sur Percy Mortimer comme une sanglante menace ; ses tempes se mouillaient de sueur, et de convulsifs tressaillements agitaient les boucles blondes de ses cheveux.

L’enfant s’éveillait homme aux navrantes atteintes de la jalousie ; une angoisse inconnue