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MAC-DIARMID.

compli sa tâche. C’était un homme fort. Devant ce coup qui brisait sa carrière brillamment commencée il demeura ferme.

Il y avait sur le paquebot des orangistes et il y avait des catholiques. Chacun fuyait le soldat en disgrâce. Les protestants s’éloignaient de lui avec tout le dédain de leur morgue bouffie ; les papistes s’enhardissaient, voyant son calme austère, jusqu’à railler tout haut sa déconvenue.

Percy Mortimer ne prenait point garde aux railleries et restait au-dessus du mépris.

Il se promenait sur le pont, seul et silencieux. Son maintien avait une réserve courtoise. Il n’y avait en lui ni abattement ni hauteur.

Parfois, lorsque l’ombre descendait sur la mer, il allait s’asseoir à l’écart contre le bordage. Il demeurait là, pensif et absorbé, jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Son visage froid s’éclairait alors d’intelligence vive, et une fière audace venait parmi la pâleur de son front.

Il était beau comme un héros, beau et vivant et riche d’énergie. Mais si un regard croisait le sien, l’auréole s’éteignait à son front. Son visage, blanc comme celui d’une femme, reprenait l’immobilité du marbre.

Il va sans dire que les Mac-Diarmid le fuyaient