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PREMIÈRE PARTIE.

Le vieux Mill’s se rendit avec sa famille à Galway.

Il vendit une chaîne d’argent qui avait des siècles d’âge. Ellen vendit un bracelet d’or qui était toute sa fortune.

La famille entière s’embarqua sur un paquebot qui emportait à Londres le capitaine de dragons Percy Mortimer, rappelé sur les doubles plaintes des catholiques et des protestants.

Percy Mortimer était venu en Irlande avec des instructions du ministre. On lui avait ordonné de tenir la balance égale, autant que possible, entre les deux partis, et de surveiller pareillement la folie orangiste et le désespoir catholique.

Il avait fait son devoir.

Il s’éloignait, écrasé sous la haine des deux camps rivaux. O’Connell et lord George Montrath avaient demandé tous les deux sa destitution, et son supérieur, le lieutenant-colonel Brazer, avait vivement apostillé la requête. C’était un vieux soldat, encroûté protestant, jaloux de la confiance accordée à un officier plus jeune. Il détestait Percy du meilleur de son cœur, et avait maintes fois envoyé contre lui des notes accusatrices, restées jusque-là sans effet…

Percy Mortimer avait la confiance d’avoir ac-