Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
LES MOLLY-MAGUIRES.

vigoureux de corps que son aîné Mickey, mais son visage annonçait une intelligence supérieure et une indomptable puissance de volonté.

On eut dit que ces huit jeunes gens étaient une élite choisie parmi les plus beaux fils de l’Irlande, et que Morris était le premier parmi eux.

Les cinq frères qui venaient après lui étaient de robustes garçons joyeux et vifs, à la parole leste, au geste prompt, qui dépêchaient leurs pommes de terre avec un appétit plein de gaieté. Ils s’appelaient Natty, Sam, Owen, Dan et Larry.

Aux fêtes de Galway, de Killkerran et d’Oranmore, leurs shillelahs (bâtons) avaient une haute renommée, et il n’était aucun d’eux qui n’eût fêlé en sa vie quatre ou cinq têtes de protestants, pour l’acquit de sa conscience.

Le plus jeune des huit Mac-Diarmid, qui avait à peine dix-huit ans, s’appelait Jermyn. Il était beau comme ses frères, mais sa figure avait une douceur timide. De longs cheveux blonds tombaient en boucles abondantes sur la ratine brune qui couvrait ses épaules ; ses grands yeux bleus rêveurs cherchaient à la dérobée le regard d’Ellen, qui ne le voyait point.

Il parlait peu, et son silence faisait contraste