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MAC-DIARMID.

oubliés de l’ère païenne. Les savants se disputent autour de leurs flancs de granit ; les antiquaires mesurent leurs circonférences égales et comptent leurs quatre ouvertures qui regardent invariablement les quatre points cardinaux.

Qui fonda ces murailles éternelles ? Sont-ce des observatoires, des temples, des sépultures ?…

On ne sait plus ; mais ils ne chancellent pas encore.

Nos neveux s’arrêteront comme nous devant ces tours mystérieuses et aussi impérissables que les traditions obstinées du peuple irlandais…

Ellen était seule au milieu de la gloire bizarre que lui faisait cette religion du passé.

Pauvre paysanne, son sort était comme une parodie mélancolique de ces royales destinées qui, trop hautes, coulent tristes et solitaires au dessus de l’heureux niveau des communes affections.

Tout, autour d’elle, lui disait de fermer son cœur, son cœur généreux et jeune qui devinait déjà les joies d’aimer.

Un seul, parmi les fils de Diarmid, plus faible ou plus ardent, laissait son âme rêver d’Ellen et mêlait en ses veilles les élans d’une tendresse fougueuse aux sourds déchirements du remords.