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MAC-DIARMID.

de l’île Mason, le cap de Ranach, dont l’extrême pointe est couronnée par les ruines du château de Diarmid.

La plaine, les montagnes, la mer, tout disparaissait dans la nuit.

Ellen joignit ses mains et leva les yeux vers le ciel en un mouvement de reconnaissance passionnée.

— Il n’y a pas de feu !… murmura-t-elle. C’est un jour de répit. Demain Dieu m’inspirera peut-être un moyen de le sauver !

Elle revint lentement vers le lit, et s’assit sur la couverture.

Ses traits gardaient leur pâleur mate, et il y avait toujours dans ses yeux un insurmontable effroi ; mais sa poitrine s’apaisait par degrés, et les convulsifs tressaillements qui l’agitaient naguère faisaient trêve.

Ses belles mains blanches se croisèrent sur ses genoux ; sa tête se pencha, inondée par les masses ruisselantes de ses cheveux, jusqu’à toucher sa poitrine.

— Le sauver ! répéta-t-elle d’une voix sourde. Oh ! il ne veut ni se défendre ni fuir !… Dieu a mis en son cœur cet orgueilleux courage qui se plaît à défier la mort… Pitié, sainte Vierge ! ayez pitié de moi !… protégez-le, protégez-nous !