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PREMIÈRE PARTIE.

loin d’elle sa mante rouge, humide encore de rosée, et dénoua ses longs cheveux noirs qui ruisselèrent, lourds et mouillés de sueur, le long de son visage.

Ses deux mains pressèrent son front qui brûlait. Machinalement et sans y penser, sa bouche répétait les paroles latines de la prière du soir, qu’elle venait d’achever.

Le calme qu’elle avait montré durant le repas était un masque ; ce masque tomba. Les regards égarés de la jeune fille parcoururent la chambre, comme si elle eût cherché un objet invisible et mystérieux.

Son sein soulevé bondissait ; on entendait sa respiration pénible et précipitée ; la sueur perlait sous ses cheveux.

Elle se laissa choir au pied de son lit et sa poitrine rendit un gémissement sourd.

Durant quelques secondes elle demeura immobile et comme affaissée sous le poids d’une détresse navrante ; puis elle se redressa tout à coup vivement, et gagna d’un saut la fenêtre qu’elle ouvrit.

La nuit était fraîche et calme ; le regard d’Ellen interrogea avidement les ténèbres et se dirigea vers les hauteurs de Kilkerran, qui se rétrécissent et s’aiguisent pour former, vis-à-vis