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MAC-DIARMID.

Il ne serait jamais venu à l’esprit du vieux Mill’s ou de ses enfants de lui demander compte de ses actions. Elle était libre ; on eût regardé comme un crime, dans la maison de Diarmid, d’épier sa conduite ou de vouloir pénétrer ses secrets. Elle était reine ; chacun obéissait à ses moindres caprices.

Et pendant bien longtemps il y avait eu comme une auréole de joie autour du front insouciant de la jeune fille. Mill’s était son père respecté ; les fils de Mill’s étaient ses frères ; sa vie coulait paisible et douce ; le repas commun s’égayait à ses radieux sourires.

Le jour, elle courait avec Jessy O’Brien, sa compagne aimée, jusque sur les crêtes blanches du Mamturck ; elles allaient, causant et chantant, les deux belles filles, poursuivant l’ombre rare des bois ou perdant leurs limpides regards dans le lointain bleu du paysage.

D’autres fois Ellen avait fantaisie d’être seule ; elle s’asseyait sur le dos d’un poney rapide et dévorait l’espace, cherchant à tromper l’inquiétude vague de son âme de vierge qui s’éveillait.

Sa course l’emportait jusqu’à la mer. Elle gravissait les énormes masses basaltiques que la tradition dit avoir été entassées par la main