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PREMIÈRE PARTIE.

mid, un pouce de terre qui ne fût de son héritage.

On se disait comment toutes ces richesses avaient passé une à une aux mains rapaces des protestants, et l’on se demandait si le doigt de Dieu ne relèverait pas quelque jour une race jadis si puissante et tombée si bas sous le poids de son courroux !…

On allumait des cierges autour de la Vierge de pierre ; on chantait de vieux cantiques et des hymnes de guerre qui avaient traversé de bouche en bouche des générations de guerriers libres et des générations d’esclaves…

Et l’on criait malédiction sur lord Montrath, le fils des spoliateurs, dont la maison moderne s’élevait à quelques pas des vieilles tours, et, opulente, semblait railler leur décrépitude abandonnée…

Ellen, à la mort de son père, avait été recueillie par le vieux Mill’s, son parent éloigné. Elle avait emporté la Vierge de pierre. En Irlande, le pouvoir des traditions est sans bornes ; Ellen, tombée jusqu’à la pauvreté, restait pour les habitants du pays, et surtout pour la famille, l’objet d’un culte pieux ; elle était toujours la fille des puissants lords et l’heiress, l’héritière unique de la branche royale de Diarmid.