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PREMIÈRE PARTIE.

préférence aux antiques légendes où la piété se colorait de poésie.

Pour meubles, il y avait une espèce de commode en bois noir sculpté, dont la forme massive et lourde parlait des siècles passés. Le temps avait fait subir aux personnages représentés sur les panneaux de nombreux outrages ; on ne connaissait plus guère le sujet des scènes, et l’amateur le plus habile n’y eût point su déchiffrer l’idée de l’artiste ; mais néanmoins quelques figures restaient entières, et leur vigoureux relief accusait un art précieux.

Au-dessus de ce bahut, sur un socle enclavé dans le mur, se trouvait une Vierge de pierre qui tenait entre ses bras Jésus enfant, dont le front se couronnait de rayons d’or.

Cette sculpture semblait plus vieille encore que le meuble de bois noir. Elle portait les signes distinctifs de l’art barbare, et ses draperies ébauchées se roidissaient sur des contours à peine indiqués.

Une légende en caractères celtiques était gravée sur le socle et courait autour d’un écusson de forme ronde qui contenait une massue noueuse, un sceptre et un diadème.

C’était là l’unique héritage d’Ellen Mac-Diarmid.