Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
LES MOLLY-MAGUIRES.

leur, drapait ses longs plis avec une mollesse qu’eût enviée une femme à la mode. Elle avait la tête nue, et un fichu de batiste se nouait autour de son cou.

Derrière elle, sur le dossier de sa chaise en forme de baquet, sa mante rouge s’étendait, humide encore de la promenade du soir.

Parmi les fils de Mac-Diarmid, quatre avaient atteint l’âge viril ; les quatre autres étaient des jeunes gens de dix-huit à vingt-cinq ans.

Presque tous ressemblaient à leur père d’une façon frappante ; mais on reconnaissait sur leurs visages, à des degrés différents, la pétulance et la fougue irlandaises.

Le vieillard lui-même, malgré sa sérénité patriarcale, n’échappait point entièrement au caractère hibernien. Si quelque émotion soudaine venait à la traverse de son calme habituel, son œil bleu brillait tout à coup sous la ligne blanche de ses sourcils ; les mots se pressaient rapides sur sa lèvre, et ses gestes précipités semblaient vouloir devancer sa parole.

Mais cela durait peu : l’âge est un puissant remède à ces fiévreux élans.

L’aîné des Mac-Diarmid s’asseyait à table le plus près d’Ellen. Il restait néanmoins séparé d’elle par un large espace, comme si l’étiquette