Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
MAC-DIARMID.

des larmes sous ma paupière… Oh ! frères, combien je l’aimais !… Tout à l’heure, emporté par cette passion revenue, j’ai senti des paroles insensées qui emplissaient ma bouche et voulaient s’élancer au dehors… j’ai été sur le point de mettre une vengeance égoïste à la place de la vengeance de l’Irlande…

Morris s’arrêta encore.

Les fils de Diarmid écoutaient indécis ; ils cherchaient à comprendre.

— La volonté de notre frère, dit Mickey dont le sourcil se fronça, est que le meurtre de Jessy soit oublié et que Mac-Diarmid, qui n’a pas su la protéger, se dispense de la venger…

Le regard de Morris pesa dur et perçant sur la paupière de Mickey, qui rougit et se détourna.

— Ma volonté est que Mac-Diarmid soit tout entier à l’Irlande, dit-il. Mon avis est que Mac-Diarmid n’a pas le loisir de se venger tant que l’Irlande souffre…

Morris s’était redressé sur le siége paternel ; son front rayonnait une énergie sereine et un calme inspiré.

Il se fit un silence. Sam le premier tendit sa main au jeune maître par-dessus la table.

— Mac-Diarmid, dit-il, votre esprit voit plus