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MAC-DIARMID.

bas au fond de son cœur. Malgré lui et à son insu, il écoutait ces sourdes colères qui étaient vieilles en son cœur et qui renaissaient à la vue de l’influence de Morris.

Cette influence était souveraine dans la famille. Les Mac-Diarmid, malgré leur turbulence native et la liberté de leurs paroles, se soumettaient toujours à la volonté plus forte du jeune maître. Ils discutaient, ils récriminaient, et ils obéissaient.

Sam, Larry et Dan avaient pour Morris une affection sans bornes, où il se mêlait du respect et une confiance absolue.

Jermyn, dominé par un sentiment unique, partageait à un degré moindre cette confiance et ce respect.

Il était le plus jeune et se souvenait de la protection dévouée de Morris qui avait entouré les années de son enfance. Mais il aimait et il haïssait.

Trois fois Morris avait sauvé la vie de l’homme qu’il croyait son rival.

Et comme il n’y avait rien dans le cœur de Jermyn qui pût rester debout en présence de ce sentiment unique par son origine et double en ses effets, il marchait avec froideur désormais dans la voie indiquée par son frère.