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PREMIÈRE PARTIE.

fois et se disent tout bas, et qu’on désapprend, dit-on, après quelques mois de mariage.

Ils restèrent ainsi serrés l’un contre l’autre, heureux de se toucher et de se voir, et ne demandant rien à Dieu, sinon d’être ainsi toujours.

Depuis le jour de son mariage, Owen, par une sorte de tolérance muette, restait en dehors des actes de l’association ; Morris lui avait fait cette trêve.

On lui donnait quelques jours pour aimer bien et être heureux.

Et il jouissait ardemment de ce bonheur dont il devinait la limite prochaine. Il se hâtait de jouir, il buvait à longs traits cette coupe aimée qu’on allait lui arracher peut-être, à demi pleine encore…

Un bruit de pas se fit au delà de la porte sur la montée.

Owen et Kate s’éloignèrent instinctivement l’un de l’autre ; un nuage passa sur leur front naguère si radieux.

C’est qu’après un instant d’oubli la réalité revenait vers eux ; ils avaient chassé d’un commun accord d’importuns souvenirs, et la porte qui s’ouvrait allait donner entrée à de graves pensées de malheur.