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MAC-DIARMID.

visage franc et ouvert disait naïvement son bonheur. C’était un beau garçon, grand et fort, dont le front semblait vierge de toute pensée importune ; sa nature était d’être gai. Il avait été triste pourtant bien des fois dans sa vie, mais chaque fois que la joie revenait, il l’accueillait de tout son cœur.

Kate était une charmante fille d’Irlande, aux traits souriants, au regard vif. Le malheur récent l’avait bien un peu pâlie, et quelques rayons manquaient au feu de ses prunelles, mais à cette heure de repos heureux elle revivait égayée et se retrouvait elle-même.

Pendant qu’elle se hâtait pour terminer les apprêts du souper, ses beaux cheveux noirs voltigeaient çà et là effleurés par la lèvre d’Owen ; sa fine taille se balançait gracieusement, et, tandis qu’elle échappait aux mains de son mari, un malicieux sourire, entr’ouvrant ses lèvres roses, montrait, au demi-jour des chandelles de jonc, l’émail perlé de ses dents.

Le couvert était mis et les pommes de terre bouillaient dans la chaudière.

La tâche de Kate était accomplie.

Elle s’assit auprès d’Owen, leurs sourires amis se croisèrent. Ils se murmurèrent à l’oreille de ces bonnes paroles que les amants se disent mille