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PREMIÈRE PARTIE.

place en son cœur aux premières joies du mariage.

Mais elle était Irlandaise. Ce peuple, dont le caractère léger abrége tout, jouissances et douleurs, est constant pour un point : il n’oublie jamais la vengeance.

Kate voyait parfois dans ses rêves le pâle visage de son père mort. Elle demandait alors à son mari :

— Où sont les assassins de Luke Neale ?

Et quand Owen lui avait répondu par quelque subterfuge, elle tombait dans la rêverie et reprochait à son cœur de s’endormir et de trop aimer.

Elle voulait, la pauvre femme, se lever seule contre cette association mystérieuse qui l’avait faite orpheline. Elle voulait découvrir ces hommes qui tuaient dans les ténèbres et les jeter, dévoilés, sous la hache de la loi.

Et chaque fois qu’elle priait Dieu, elle lui promettait de venger son père.

Il n’y avait dans son âme, à part cette pensée, que miséricorde et amour. C’était une douce enfant, pieuse, bonne, dévouée. Depuis un mois que ses larmes séchées avaient fait place au sourire, elle avait donné à Owen tout le bonheur qui peut être le partage d’un homme. Ils s’ai-