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MAC-DIARMID.

elle n’avait point cru pouvoir résister à l’amour impatient d’Owen.

Elle aimait Owen depuis son enfance. Au temps où Luke Neale était un pauvre paysan tenant une petite ferme sur le versant du Mamturck, les deux enfants s’étaient rencontrés bien souvent dans la campagne ; ils étaient beaux tous les deux, tous les deux francs et bons ; ils échangèrent leur foi

Plus tard, Luke suivit les conseils des gens de loi protestants de Galway ; il voulut faire fortune, et prit la route facile qui s’offre à chacun en Irlande : spéculer sur la misère.

La misère, on le sait, est ce qu’il y a de plus exploitable au monde. Luke se fit middleman ; on devient riche à ce métier, quand la vengeance du pauvre ne vous jette pas mort à la moitié du chemin.

Au bout de peu d’années Luke fut un fermier opulent ; il défendit à sa fille de voir Owen, qui était désormais trop pauvre pour prétendre à la main de Kate Neale.

Mais ces défenses sont vaines. Kate obéit peut-être ; elle continua d’aimer.

Il y avait sept mois maintenant qu’elle avait perdu son père ; l’amour heureux faisait diversion à sa peine ; son regret adouci laissait