Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
PREMIÈRE PARTIE.

vous à envoyer le major à tous les diables.

— C’est un dangereux ennemi de l’Irlande, dit Jermyn en rougissant.

Le géant eut un sourire naïvement malicieux.

Arrah ! mon fils, s’écria-t-il, à qui le dites-vous ?… Mais voilà Dan qui revient de la prison.

— Quelles nouvelles de notre père, Dan ? demanda Jermyn.

Dan avait un visage triste et grave.

— Mauvaises, répondit-il sans franchir le seuil. Mac-Diarmid souffre et ne veut point être soulagé… Il repousse la liberté plutôt que de manquer aux ordres d’O’Connell… Rien ne peut le fléchir… O’Connell ! toujours O’Connell ! c’est son dieu !

— Pauvre père ! dit Jermyn.

— Que Dieu le bénisse ! ajouta Mahony ; c’est un saint homme, celui-là !

— Et les gens d’O’Connell, reprit Dan avec amertume, chantent joyeusement par les rues, tandis que le vieillard abandonné souffre… Venez, Jermyn ; l’heure avance, et l’on nous attend à la ferme.

Jermyn se leva aussitôt ; il échangea une poignée de main et quelques paroles rapides avec