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PREMIÈRE PARTIE.

dans la masure. Ils s’étaient assis tous les deux le plus loin possible de Maud Mahony, autour de laquelle quatre ou cinq enfants jouaient dans la poussière.

— Femme, demanda le Brûleur, il n’est venu personne ?

— Personne, répondit Maud d’une voix triste. Qui donc viendrait chez nous, quand il y a du potteen plein la rue et des gâteaux d’avoine gratis à la porte de chaque taverne ?

— Attendons-le, reprit Mahony en s’adressant à Jermyn ; il ne peut tarder à venir.

Le dernier des fils de Mac-Diarmid était dans toute la fleur de cette beauté adolescente dont la peinture toujours bienvenue est l’un des plus grands charmes de la poésie antique. La jeunesse assouplissait encore cette grâce qui allait devenir vigueur. Ses traits gardaient une naïveté douce, et il semblait que des rêveries d’enfant pouvaient seules descendre sur ce front si pur, où des cheveux qu’eût enviés une vierge étageaient leur blonde richesse.

Et pourtant il y avait quelque chose en Jermyn qui déjà n’était plus l’insouciance heureuse de l’adolescent. Ses joues perdaient leur reflet rose ; sa bouche oubliait le frais sourire des jeunes années ; on lisait dans son regard une tristesse